C'est plus dur pour les garçons !
On dit souvent que les filles sont plus studieuses, plus appliquées, plus sérieuses que les garçons. Je ne connais pas réellement les chiffres qui sont derrière ce lieu commun sur l'inégalité des sexes chez les étudiants mais ce qui est certain c'est qu'aujourd'hui, lors d'un examen, j'ai sauvé un garçon de l'échec d'une manière assez étonnante. Jugez un peu !
Fin de la semaine, dernier jour avant les vacances, et pour finir en beauté un bel examen. Un petit. Une heure trente de composition pour une trentaine d'étudiants. Je surveille seul. Je suis dans une salle normale d'une quarantaine de places. J'ai apporté un livre au cas où... Je démarre la surveillance en faisant un petit tour de la classe histoire de voir que tout le monde a bien eu son sujet, des brouillons, une feuille d'exam, les éléments autorisés sur la table et le cartable hors de portée... Ce sont des étudiants studieux dans l'ensemble (il y a bien 70% de filles !) Je vais m'asseoir au bureau devant. Avant d'entamer ma lecture je les regarde. Ils ont l'air plongé dans le sujet, aucun qui ne regarde à la fenêtre d'un air inquiet ou rêveur. Tant mieux, cela signifie qu'ils ont surement bien travaillé et que le sujet "leur parle". J'aime bien regarder les étudiants en examen. Ce n'est pas du tout un plaisir sadique. Ca a quelque chose de reposant, de rassurant. Des personnes qui oeuvrent à une activité, en silence, de manière appliquée. Je les aime bien. Je tourne trois pages de "L'univers élégant" de B. Greene. La théorie des cordes c'est pas pour moi aujourd'hui, je suis fatigué. Ce changement d'heure ça me réussit définitivement pas. Je préfère contempler les étudiants au travail. Chacun a ses petites manies qui montrent comment il se "met en scène" pour mieux vivre l'expérience. Il y en a une qui a apporté à manger (banane et gâteaux) et à boire (eau minérale) comme si l'épreuve allait durer 5 heures. Ca doit lui rappeler son bac, c'est peut être une superstitieuse... sans sa banane et son gâteau elle serait peut-être inquiète. Pendant les épreuves ils sont nombreux à avoir de l'eau minérale, alors que le reste du temps ils se gavent de sodas ou de café. Il doit y avoir une imagerie bien saine autour de cette eau minérale dans la tête de ces jeunes consommateurs. Un truc du genre mens sana in corpore sano. Un autre a tout parfaitement aligné devant lui, il a bien sorti tous ses stylos comme si c'était une épreuve de dessin. Une autre a les pieds posés à coté de ses chaussures...
Ah ! Un peu de bruit au fond ! Un échange d'effaceur. Les deux me regardent franchement au moment où ils se font passer le feutre pour bien me montrer que tout est normal et qu'il s'agit bien d'une communication tolérée par l'arrêté d'examen ! Pas de souci, je leur fais entièrement confiance. Autant quand je surveille un amphi de 500 étudiants de première année je suis un peu à l'affût mais là...
Mon regard s'arrête sur Jonathan. Il est tout rouge. Il a l'air vraiment tourmenté. Serait-il en train de tenter de tricher ? J'ai du mal à y croire. Je ne le connais pas bien, mais je l'ai quand même recruté. Je me souviens de son dossier. Un garçon de la campagne, des parents exploitants agricoles dans un coin paumé. Un physique trapu et bienveillant. De ce que j'ai pu observer de lui cette année, il a l'air de quelqu'un de franc et honnête. S'il triche, j'en serai très surpris. Je me mets à l'observer plus attentivement. Ca m'occupe : cette surveillance va peut-être finalement sembler vite passer. Peut-être a-t-il mal digéré son repas ? Il regarde devant lui, sa copie, devant lui... sa copie... Il n'écrit rien. Il est tout rouge. Il me regarde. On dirait presque qu'il veut me parler. Je me lève avec un paquet de brouillons à distribuer pour l'approcher tranquillement. Il est au milieu de la rangée de droite, je fais le tour de la classe par la gauche pour arriver derrière lui. Je regarde sa copie par dessus son épaule. Le peu qu'il a écrit m'a l'air correct. Il n'a qu'à continuer, je ne vois pas de source de blocage dans son raisonnement. Bizarre... L'hypothèse de l'indigestion semble se confirmer. Cependant je suis là à côté de lui et il ne me dit rien. S'il n'était pas bien je pense qu'il me le dirait maintenant. Et puis... je regarde devant lui... Finalement, pas d'indigestion ! Dans la rangée devant, uniquement des filles. Idem la rangée suivante. Dans le champ de vision de Jonathan il y a 5 filles aux formes plus qu'impeccables. Chacune avec un string se montrant ostensiblement au dessus d'un jean taille basse. Sacré Jonathan ! Incapable de détourner son regard plus de deux minutes. Il y revient sans arrêt. Si je le laisse là, il n'aura même pas un point par string ! Je lui demande de changer de place et d'aller au premier rang. Tout le monde le regarde maintenant d'un air interrogatif, le soupçonnant de s'être fait attraper entrain de tricher. Il va s'asseoir au premier rang. Je vais me rasseoir au bureau. Je lui fais face. Il est définitivement tout rouge, mais cette fois avec un sourire gêné. Il me regarde en souriant en balançant légèrement la tête d'un air entendu. Comme pour me dire "bien vu ! et merci !". Et voilà ! Un garçon de sauvé !
Fin de la semaine, dernier jour avant les vacances, et pour finir en beauté un bel examen. Un petit. Une heure trente de composition pour une trentaine d'étudiants. Je surveille seul. Je suis dans une salle normale d'une quarantaine de places. J'ai apporté un livre au cas où... Je démarre la surveillance en faisant un petit tour de la classe histoire de voir que tout le monde a bien eu son sujet, des brouillons, une feuille d'exam, les éléments autorisés sur la table et le cartable hors de portée... Ce sont des étudiants studieux dans l'ensemble (il y a bien 70% de filles !) Je vais m'asseoir au bureau devant. Avant d'entamer ma lecture je les regarde. Ils ont l'air plongé dans le sujet, aucun qui ne regarde à la fenêtre d'un air inquiet ou rêveur. Tant mieux, cela signifie qu'ils ont surement bien travaillé et que le sujet "leur parle". J'aime bien regarder les étudiants en examen. Ce n'est pas du tout un plaisir sadique. Ca a quelque chose de reposant, de rassurant. Des personnes qui oeuvrent à une activité, en silence, de manière appliquée. Je les aime bien. Je tourne trois pages de "L'univers élégant" de B. Greene. La théorie des cordes c'est pas pour moi aujourd'hui, je suis fatigué. Ce changement d'heure ça me réussit définitivement pas. Je préfère contempler les étudiants au travail. Chacun a ses petites manies qui montrent comment il se "met en scène" pour mieux vivre l'expérience. Il y en a une qui a apporté à manger (banane et gâteaux) et à boire (eau minérale) comme si l'épreuve allait durer 5 heures. Ca doit lui rappeler son bac, c'est peut être une superstitieuse... sans sa banane et son gâteau elle serait peut-être inquiète. Pendant les épreuves ils sont nombreux à avoir de l'eau minérale, alors que le reste du temps ils se gavent de sodas ou de café. Il doit y avoir une imagerie bien saine autour de cette eau minérale dans la tête de ces jeunes consommateurs. Un truc du genre mens sana in corpore sano. Un autre a tout parfaitement aligné devant lui, il a bien sorti tous ses stylos comme si c'était une épreuve de dessin. Une autre a les pieds posés à coté de ses chaussures...
Ah ! Un peu de bruit au fond ! Un échange d'effaceur. Les deux me regardent franchement au moment où ils se font passer le feutre pour bien me montrer que tout est normal et qu'il s'agit bien d'une communication tolérée par l'arrêté d'examen ! Pas de souci, je leur fais entièrement confiance. Autant quand je surveille un amphi de 500 étudiants de première année je suis un peu à l'affût mais là...
Mon regard s'arrête sur Jonathan. Il est tout rouge. Il a l'air vraiment tourmenté. Serait-il en train de tenter de tricher ? J'ai du mal à y croire. Je ne le connais pas bien, mais je l'ai quand même recruté. Je me souviens de son dossier. Un garçon de la campagne, des parents exploitants agricoles dans un coin paumé. Un physique trapu et bienveillant. De ce que j'ai pu observer de lui cette année, il a l'air de quelqu'un de franc et honnête. S'il triche, j'en serai très surpris. Je me mets à l'observer plus attentivement. Ca m'occupe : cette surveillance va peut-être finalement sembler vite passer. Peut-être a-t-il mal digéré son repas ? Il regarde devant lui, sa copie, devant lui... sa copie... Il n'écrit rien. Il est tout rouge. Il me regarde. On dirait presque qu'il veut me parler. Je me lève avec un paquet de brouillons à distribuer pour l'approcher tranquillement. Il est au milieu de la rangée de droite, je fais le tour de la classe par la gauche pour arriver derrière lui. Je regarde sa copie par dessus son épaule. Le peu qu'il a écrit m'a l'air correct. Il n'a qu'à continuer, je ne vois pas de source de blocage dans son raisonnement. Bizarre... L'hypothèse de l'indigestion semble se confirmer. Cependant je suis là à côté de lui et il ne me dit rien. S'il n'était pas bien je pense qu'il me le dirait maintenant. Et puis... je regarde devant lui... Finalement, pas d'indigestion ! Dans la rangée devant, uniquement des filles. Idem la rangée suivante. Dans le champ de vision de Jonathan il y a 5 filles aux formes plus qu'impeccables. Chacune avec un string se montrant ostensiblement au dessus d'un jean taille basse. Sacré Jonathan ! Incapable de détourner son regard plus de deux minutes. Il y revient sans arrêt. Si je le laisse là, il n'aura même pas un point par string ! Je lui demande de changer de place et d'aller au premier rang. Tout le monde le regarde maintenant d'un air interrogatif, le soupçonnant de s'être fait attraper entrain de tricher. Il va s'asseoir au premier rang. Je vais me rasseoir au bureau. Je lui fais face. Il est définitivement tout rouge, mais cette fois avec un sourire gêné. Il me regarde en souriant en balançant légèrement la tête d'un air entendu. Comme pour me dire "bien vu ! et merci !". Et voilà ! Un garçon de sauvé !