L'été je consomme du papier !

Publié le par Mr le prof

Comme je le disais ici, les vacances des étudiants c'est le moment où le chercheur qui sommeille durant les périodes de cours, peut enfin se réveiller et se mettre en action. C'est le moment où l'on peut se poser, réflechir (plus ou moins) tranquillement sur des thématiques de recherche, de nouvelles hypothèses, traiter des données qu'on a quelque part sur un disque dur (ou non saisies dans un carton), ou tout simplement rédiger en vue de publication dans des revues, des ouvrages ou pour soumettre dans des congrès.

En l'occurence en ce moment pour moi c'est les trois. J'ai un éditeur qui attend la derniere version d'un bouquin pour le 20 juillet (eh oui ca se rapproche à grand pas), quatre chapitres dans des ouvrages collectifs pour début septembre, je suis en troisième tour d'une revue et j'aimerai envoyer cela assez rapidement, et en septembre j'ai deux deadlines pour des congrès à l'étranger au printemps 2010. Donc autant dire un été bien rempli. Je n'avais pas prévu de partir... tant mieux !

Donc comme je le disais, c'est l'occasion de travailler chez soi, décontracté, sans avoir à mettre de costume ou de se raser tous les jours.

L'activité de recherche est pour la majeure partie un travail cumulatif. On travaille pas comme ça tout seul sans tenir compte des travaux des autres pour pondre une théorie. Souvent on se rend compte que les idées géniales qu'on a, certains les ont eu avant, parfois il y a des années... Donc on prend l'habitude de lire tout ce qui est écrit sur un sujet particulier afin de comprendre où on en est, les vides théoriques qui peuvent subsister, le manque de validation empirique de certaines hypothèses, bref... on cherche sa place ! Parfois on s'est ouvert soi-même une voie de recherche mais il faut quand même regarder qui est venu travailler dessus, en quoi le travail des autres a eu un impact sur le votre, comment en tenir compte, est ce que ça modifie ou pas la théorie qu'on a tenté de construire. Donc dans tous les cas, il faut lire, lire, et encore lire.

Il y a quelques années, pas si longtemps, à l'époque ou l'internet n'était pas ce qu'il est aujourd'hui, pour lire, il fallait aller dans une blbliothèque universitaire. Si vous aviez de la chance, celle de votre université référençait toutes les revues dont vous aviez besoin, sinon il fallait commander. Or parfois, il fallait en commander tellement que ce n'était pas gérable. En début de recherche, quand on défriche, il faut parfois "avaler" 100 ou 200 papiers. A 20-30 pages le papier ca fait des frais si on les fait venir de loin. Donc du coup, je prenais la voiture ou l'avion et j'allais dans une grande bibliothèque et je passais une journée ou deux à faire des photocopies non stop toute la journée. C'était il y a à peine dix ans. Aujourd'hui, grâce à l'évolution des technologies de l'information et de la communication, on peut sans bouger de chez soi, télécharger tous les papiers dont on a besoin. L'université à laquelle vous appartenez est généralement abonnée à des bases de données qui référencent toutes les revues de votre discipline et des disciplines voisines. On vous donne un mot de passe, et de chez vous, vous pouvez consulter les papiers au format PDF en général. Il y a en outre tout un tas de ressources gratuites (archives ouvertes). Dans ces conditions, plus aucune raison d'abattre des arbres pour remplir votre bibliothèque d'articles imprimés ou photocopiés.

Mais l'été, c'est quand même sympa d'aller lire au bord de la piscine, ou sur la terrasse, voire la plage si on habite pas loin de la mer. Et quand il fait plein soleil, même avec le contraste de l'écran réglé à son maximum, on voit pas grand chose, je ne parle pas des risques inhérents à l'eau, au sable, aux embruns pour ceux qui travaillent à la plage. Du coup, à l'ancienne, j'imprime (sur papier recyclé) un article et je prend mon surligneur fluo et mon porte mine. Du coup, je travaille, je profite du soleil, et je me sens dix ans plus jeune !

Publié dans La recherche

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S
Voilà un programme ressemblant, à peu de choses près, à mon bel été 2009 ! <br /> Toutes mes salutations estivales, Chris
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G
Bonjour,<br /> <br /> Connaissez-vous un site regroupant (gratuitement ou à frais "étudiant" ^^) toutes les thèses ou mémoires sur un sujet précis s'il vous plait ?
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E
Bonjour,<br /> Comment peut-un savoir s'il existe une lettre d'information qui regrouperait toutes les connaissances nouvelles sur une discipline ?<br /> Cela faciliterait les recherches.
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M
<br /> <br /> En général chaque discipline possède au moins une association de recherche qui souvent a un site et une liste de diffusion qui tiennent au courant tous les membres de la communauté sur les dates<br /> de congrès, les publications etc.<br /> Quelques exemples :<br /> Société Francaise de Biochimie et Biologie Moléculaire<br /> Société Francaise de Mathématiques<br /> Société Francaise de Psychologie<br /> Association Francaise d'Ethnologie et d'Anthropologie<br /> Association Francaise de Sociologie<br /> Société Francaise du Droit de l'Environnement<br /> etc etc etc<br /> <br /> <br /> <br />
D
La bibliothèque de mathématiques et d'informatique de Grenoble a décidé de scanner des vieilles thèses (dont les thèses d'État de certaines personnes devenues depuis très connues) et de les mettre sur TEL (tel.archives-ouvertes.fr).<br /> <br /> Pour des raisons pratiques ils n'ont pas demandé l'autorisation aux doctorants.<br /> <br /> Bien sûr, cela paraît contraire au droit d'auteur...
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G
Il y a 10 ans, on photocopiait encore. Mais il y a 80 ans, les thèses avant soutenance étaient en exemplaire unique, manuscrit, que les 4 membres du jury se passaient. Mille pages parfois. Et puisque le thème du jour est 'été et travaux universitaires', pensez à ce membre du jury qui emmena les mille pages dans un canot sur un étang et dont le canot se renversa.
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M
<br /> Vous avez bien raison ! Je me souviens quand j'étais doctorant et qu'il me semblait qu'il fallait absolument avoir lu chaque ligne écrite sur mon sujet, j'étais allé fouiller dans de vieilles<br /> thèses (doctorat d'état !) qui effectivement était plutot épaisses (mais aujourd'hui avec toutes les annexes méthodologiques que nous sortent les logiciels de stats ou encore les analyses<br /> documentaires, les photographies pour les ethnologues, les décisions de tribunaux pour les juristes, etc on se retrouve vite avec une thèse très épaisse...) mais surtout, dactylographiées<br /> sur machine à ruban avec les lettres qui s'enfoncent dans le papier ! D'ailleurs les thèses en question n'avaient pas 80ans, elles étaient des années 70 je crois me rappeler. On imagine le<br /> temps passé à taper chaque page, la relire, se rendre compte d'une erreur, recommencer, etc etc (en même temps, on leur demandait pas de les faire en 3 ans). Et comme vous dites, la possibilité<br /> qu'un accident "tragique" survienne et fasse disparaitre toute cette somme de travail au fond d'un étang (c'est du vécu en tant que doctorant ou membre du jury ?) ou un incendie ou n'importe...<br /> Aujourd'hui nous avons tous nos travaux imprimés en X exemplaires et disséminés partout dans le "cyberespace". Les temps changent ! Si je cherche une "vieille" thèse, je la consulte en microfiche<br /> ou mieux numérisée en pdf. Et nous sommes de plus en plus éloignés du papier (tant mieux pour les forêts, tant pis pour les amoureux du papier).<br /> <br /> <br />